LE MONDE, samedi 25 février 2006, 15h20

 

Nouveau report du procès intenté à la Ligue tunisienne des droits de l'Homme

TUNIS (AP) - Le procès intenté à la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH) a été à nouveau reporté samedi au 6 mai prochain par le tribunal de première instance de Tunis à la demande des avocats des plaignants.

L'audience s'est déroulée en présence de diplomates occidentaux représentant la Commission européenne et les ambassades des Etats-Unis d'Amérique, de Grande-Bretagne et de Finlande.

Certains membres seulement du comité directeur de la LTDH ont été autorisés à accéder au palais de justice autour duquel avait été déployé un dispositif de sécurité renforcé.

Enclenché début septembre à la veille de la tenue du congrès national de la LTDH, ce marathon judiciaire fait suite à une plainte déposée par 22 membres de la Ligue proches du parti au pouvoir, qui accusent la direction actuelle "d'abus de pouvoir et de violation du statut et du règlement intérieur" dans le but de les en exclure.

Le comité directeur y voit une manipulation du pouvoir pour "mettre au pas" cette organisation, la plus ancienne du genre dans le monde arabe et en Afrique.

Quant aux autorités, elles affichent leur neutralité, affirmant n'avoir "nullement interféré" dans ce qu'elles considèrent comme "une crise interne".

Un recours en référé avait été, dans un premier temps, à l'origine du report sine die du congrès de la LTDH.

Examinée au fond lors d'une deuxième étape, cette affaire a connu plusieurs rebondissements et reports, notamment à la suite du retrait en novembre de la plainte par 20 de ses auteurs.

Destiné a priori à permettre aux deux plaignants restants de déterminer leur position quant à l'éventualité de la radiation de l'affaire, ce nouvel ajournement tendrait aussi à donner plus de temps à d'anciens dirigeants de la Ligue qui s'efforcent de trouver un compromis entre les deux parties.

Le président de la LTDH, Me Mokhtar Trifi, qualifie ce report de "manoeuvre dilatoire", jugeant excessive la date à laquelle a été fixée la prochaine audience. Il se dit "prêt au dialogue" pour sortir de l'impasse actuelle, tout en considérant que "l'affaire est politique et ne peut être résolue que par une décision politique". AP

BB/cr